Les élus de Lanester, en présence d’une partie des 100 participants au projet, ont lancé, vendredi 21 juin, le parcours artistique Mandel’art, au parc du Mandela. « L’idée était de fédérer les habitants autour d’un projet collectif qui sensibilise à la protection de l’environnement, favorise la rencontre et l’appropriation des espaces communs », raconte Annaïg Le Moël-Raflik, adjointe à la culture. Seize créations ont été réalisées lors d’ateliers partagés au sein d’une dizaine de structures municipales et associatives, et sont visibles dans le parc, jusqu’à la fin de l’été.

La fanfare Jazzlann était invitée à participer au vernissage déambulatoire au départ du centre A. Jacquard. C’est au son « swing » qu’en cet fin d’après midi les personnes présentes ont pu découvrir les œuvres dispersées dans le parc et pour la fanfare l’occasion d ‘exécuter ses morceaux favoris dont le fameux Honeysuckle Rose (chèvrefeuille rose) qui est une composition célèbre de Fats Waller de1928. Les paroles ont été écrites par Andy Razaf. C’est devenu un standard de jazz.

Un peu d’histoire :

« En 1929, les frères Immerman (propriétaires du night-club Connie’s Inn à Harlem) demandent à Fats Waller de composer des chansons en partenariat avec le parolier Andy Razaf pour leur nouveau spectacle, Load of Coal. Les deux artistes se retrouvent donc un jour pour travailler ensemble sur la composition des différents numéros. En quelques heures, ils mettent au point trois chansons : My Fate Is in Your Hands, une ballade, Zonky, un air rythmique entraînant, et Honeysuckle Rose, destinée à un numéro de claquettes. Cette dernière chanson n’est pas encore achevée que Fats Waller prétexte un rendez-vous important et s’éclipse, laissant Andy seul terminer le travail. Le soir, Razaf appelle son partenaire : Fats ? Écoute, j’ai terminé le dernier numéro que nous avons fait. Tu ne te souviens pas de la mélodie ? Seigneur, mec ! Heureusement que moi si ! s’exclame Andy avant de fredonner la mélodie au téléphone et de réciter les nouvelles paroles.

Cette anecdote révèle l’attitude désinvolte du pianiste, qui ne voyait en Honeysuckle Rose qu’une mélodie mineure créée dans l’inspiration du moment et dont il avait négligemment joué quelques notes au piano pour fournir une base de travail à Andy Razaf. Il traitera avec légèreté beaucoup de ses compositions dont certaines vont pourtant devenir de véritables tubes, et vendra d’ailleurs les droits d’auteur de 30 de ses chansons (dont Honeysuckle Rose et Ain’t Misbehavin’) pour seulement 500$ !

Avant même que Waller n’enregistre Honeysuckle Rose, d’autres musiciens avant lui flairent le potentiel de ce titre. Peu après le show de 1929, la chanson est enregistrée par McKinney’s Cotton Pickers en 1930, Frankie Trumbauer en 1931, et Fletcher Henderson en 1932 dans une version instrumentale qui remporte beaucoup de succès. Fats Waller l’enregistre à son tour en 1934, puis plusieurs fois au cours de sa carrière (on retiendra en particulier la version enregistrée lors d’une jam session avec Tommy Dorsey, Bunny Berigan et Dick McDonough, en 1937).

La chanson connaît un regain d’intérêt dans les années 1940 grâce à sa reprise dans plusieurs films dont Tin Pan Alley, dans un numéro de chant et danse interprété par Betty Grable. Le titre y est présenté comme étant écrit en prison sur un harmonica par un compositeur blanc excentrique, provoquant la colère de Razaf qui ne se reconnaît évidemment pas du tout dans ce personnage. Quant à Fats Waller, il rétorque, toujours avec désinvolture, que toute publicité est bonne à prendre…

Par la suite, Honeysuckle Rose semble mettre d’accord tous les musiciens de jazz, quel que soit leur style. Les reprises fleurissent : Charlie Parker (qui s’en inspirera pour la base harmonique de son propre titre Scrapple from the Apple), Coleman Hawkins, Benny Goodman, Thelonious Monk, puis Lionel Hampton, Stéphane Grapelli, Benny Carter… source : philharmonie de Paris »